Pourquoi le Collectif 224 est-il un mouvement écologiste, féministe et indépendant ?
Notre acte de naissance, qui s’est déroulé au Grand Théâtre de Provence fin septembre 2021, a largement répondu à la question des liens entre féminisme et écologie, et plus largement avec les sujets qui nous préoccupent : la justice sociale, l’inclusion, etc.
« Mais pourquoi, diable, avoir mis en évidence le féminisme, ce mot repoussoir ? », nous ont interpellé, avec raison, certains.
Car le féminisme reste, hélas, un gros mot.
Selon le Larousse, le féminisme est un “mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société”.
Jusque-là, tout parait simple, et la plupart d’entre nous au pays des droits de l’homme devrait pouvoir se déclarer féministe…
Il n’en est rien. Dans les faits, les personnes – femmes et hommes – qui sont féministes ne se définissent pas nécessairement comme telles, car le terme, chargé d’histoire et de représentations, est refusé par la moitié des Français.
Selon un sondage de RTL Girls et WondHer, réalisé par BVA en mars 2019, une personne sur deux en France a une mauvaise opinion du féminisme ; plus précisément 49% des hommes et 59% des femmes ont du mal à se revendiquer « féministes ».
Ainsi, des personnes qui revendiquent l’égalité homme-femme et même s’engagent pour la défendre n’osent pas employer ce terme et cherchent même à le remplacer par un autre plus politiquement correct : “humaniste” ou “égalitariste”, par exemple.
Faut-il renoncer au mot “féministe” dans un souci pragmatique ?
C’est une question que les membres du collectif 224 se sont posée, et à laquelle il n’a pas été si facile de répondre.
Y renoncer, c’est nier un héritage culturel et militant qui a permis aux femmes de conquérir de nouveaux droits, « c’est tourner le dos à Simone de Beauvoir et Simone Veil », ont dit certaines… Alors que d’autres ont souligné que le terme doit évoluer pour engager avec nous les hommes de bonne volonté dont nous avons besoin pour aller vers plus d’égalité.
Rien ne se fera sans les hommes : nous sommes toutes en phase là-dessus ; la mixité est le fondement de notre mouvement.
Plus subtilement, y renoncer n’est-ce pas céder à la pression exercée par un système institutionnel et culturel, le patriarcat – autre gros mot du lexique féministe ?
Difficile de déconstruire un système auquel on se soumet en renonçant à lui déplaire, vous ne croyez pas ?
Car l’essence même du féminisme est de déconstruire un système qui favorise le masculin, et plus généralement oppose la domination à la collaboration.
C’est pourquoi nous avons choisi de garder et de défendre ce terme, avec l’espoir secret qu’il disparaisse un jour prochain, et que nous puissions remplacer notre signature “des femmes aussi changent le monde” par une autre plus inclusive : “ensemble changeons le monde”. Un jour, peut-être…